Origine et histoire de l'Église des Cordeliers
L'église des Cordeliers de Toulouse est l'ancienne église du couvent des Franciscains, appelés Cordeliers, installés en 1222. Entre le XIIIe et le XVe siècle, ils édifient leur couvent sur l'emprise comprise entre les actuelles rues des Lois, du Collège de Foix, Albert-Lautmann et Deville. L'église, voulue pour rivaliser avec celle des Jacobins, était, après la basilique Saint-Sernin, l'édifice le plus vaste de Toulouse et possédait la voûte la plus élevée, atteignant 25 m. Dédiée à la Vierge et ayant pour patrons secondaires saint François d'Assise et saint Louis d'Anjou, elle est construite au début du XIVe siècle et mesurait 86 mètres de long sur 26 de large, la hauteur du sol au pignon atteignant 30 m. L'intérieur de la nef présentait une décoration peinte imitant la pierre de taille, avec des filets brun-rouge sur un fond jaune clair, et des scènes peintes ornaient les murs des chapelles. La façade sur la rue des Cordeliers, aujourd'hui rue Deville, était une haute muraille de brique percée d'une rosace ; le portail en pierre saillait d'environ un mètre et se trouvait surmonté d'un grand fronton triangulaire flanqué de deux frontons latéraux plus petits. Au-dessus de la porte principale figurait la devise latine Durabit donec fluctus formica marinos / Ebibat, et totum testudo perambulet orbem. Sous la chapelle de Rieux, ou à proximité, se trouvait une crypte funéraire dont les corps déposés se momifiaient et se conservaient, ce qui attira de nombreux Toulousains et fit de la galerie une curiosité visitée. On y plaçait les corps debout contre les murs et l'on entassait fragments et restes ; des récits évoquent la « Belle Paule », dont le corps, remonté à la demande de femmes curieuses, tomba en poussière à l'air libre. Une autre légende rapporte l'histoire d'un jeune cordelier qui, mis au défi d'enfoncer un clou dans le couvercle d'un cercueil, se serait retrouvé mort de frayeur, sa manche ayant été clouée au cercueil. Le couvent a connu de nombreuses vicissitudes : incendié en 1562 lors des guerres de religion, il fut reconstruit, puis la voûte de la nef s'effondra partiellement en 1738, endommageant des statues et les orgues, qui furent refaites à l'identique. Vendu comme bien national en 1794, le couvent vit sa flèche du clocher abattue ; les bâtiments servirent de prison et, en 1818, échurent à l'administration militaire qui en fit un magasin à fourrages pouvant contenir plus de 9 000 quintaux de fourrage et autant d'avoine. Une station du télégraphe Chappe de la ligne Toulouse-Bayonne fut établie en 1834. L'église avait déjà fermé après un incendie en 1798 avant d'être occupée par l'administration militaire ; dans la nuit du 23 au 24 mars 1871, un nouvel incendie déclaré dans la paille et le fourrage ravagea la nef et, en 1873, ce qui restait fut démoli ; le clocher, épargné, fut vendu à un fondeur. De l'édifice subsistent aujourd'hui le clocher et le départ des voussures du portail sud, reconstitué et visibles depuis la rue du Collège de Foix, tandis que la salle capitulaire et la sacristie ont été préservées. Des éléments sculptés, chapiteaux et clés de voûte, ont été recueillis notamment par Alexandre Du Mège et regroupés au musée des Augustins, où l'on conserve notamment quinze gargouilles, et le musée Paul-Dupuy conserve un parement d'autel provenant des Cordeliers. Des documents iconographiques antérieurs à la démolition, dessins de Ferdinand Mazzoli et plaques photographiques conservées au musée du Vieux Toulouse, permettent de restituer l'aspect de l'église. Les ruines de l'église des Cordeliers sont classées au titre des monuments historiques depuis 1862.